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Quand les fantômes se réveillent : tentatives d’exorcisme des spectres de l’esclavage dans Avenue of Palms d’Athena Lark

dans CIRESC


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    • 2020-05-22T02:00:00Z
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    • Cet article porte sur Avenue of Palms (2013), roman de l’écrivaine noire-américaine Athena Lark. Fiction bâtie sur des bases historiques, ce néo-récit d’esclave remonte aux racines de l’esclavage, décrivant l’enlèvement sur le continent africain de l’héroïne, Violet, les atrocités de la traversée du Middle Passage, et le quotidien d’esclave sur le sol américain. Puisant dans la culture littéraire noire américaine et affichant une richesse intertextuelle flagrante, le roman interroge les modalités de transmission, voire de révision de l’histoire, via le mémorial, l’écriture et l’histoire orale, pour prévenir l’amnésie collective et garantir la perpétuation de l’héritage. Il invite plus particulièrement à une réflexion sur le lien entre littérature, histoire et patrimoine, à travers le choix d’un décor original : une plantation-musée. En effet, la plus grande partie de l’intrigue se déroule sur la plantation Kingsley, en Floride, lieu de sang et de larmes devenu lieu de mémoire, que l’esprit de Violet revient hanter. Valorisant la tradition afro-américaine du quilting comme stratégie de résistance et de libération, ce récit alternatif met à l’honneur la culture noire américaine, tout en l’intégrant à la civilisation occidentale. En tissant des liens entre fiction et réel, il mêle histoire et Histoire, incorporant par exemple dans l’intrigue la rébellion sanglante de Nat Turner, et retraçant les fuites épiques vers le nord tentées par l’héroïne grâce à l’aide du réseau clandestin. Balançant entre Afrique et Amérique, entre le xixe siècle esclavagiste et le xxie siècle de Barack Obama, et suggérant l’existence d’une compétition entre des discours historiques nécessairement partiaux et partiels, Avenue of Palms favorise une anamnèse collective, douloureuse mais inévitable. En quoi le roman peut-il se lire comme une empreinte commémorative de l’époque de l’esclavage ? Que nous dit-il de la fiabilité des récits du passé esclavagiste, tels qu’ils sont proposés actuellement aux États-Unis ? Quelle recréation de l’histoire de l’esclavage proposent-ils ? Dans quelle mesure celle-ci permet-elle d’en exorciser les spectres, et de délivrer un corps (l’historiographie américaine, voire la nation américaine elle-même) encore possédé de ses démons – le mensonge, la déformation, la banalisation, voire l’oubli ?Cet article s’intéresse d’abord à l’entrelacs formé par la fiction, la légende et les faits historiques, qui permet à la plume d’Athena Lark de redonner vie à une plantation de Floride des années 1830. Dans un deuxième temps, il montre comment le roman, en explorant divers « lieux de mémoire », interroge les politiques mémorielles menées au sujet de la période de l’esclavage, notamment celles des plantations-musées du Sud des États-Unis. Il analyse enfin comment Lark se livre à une relecture et à une redistribution de l’histoire noire américaine, qui garantissent à la communauté noire une place en son centre névralgique.
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