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Les chasse-marée et la route du poisson. Réduire la distance pour approvisionner Paris du xiiie siècle au xviiie siècle

dans Éditions de l’EHESS

Auteur(s) : Robert, Sandrine

  • Éditeur(s)
  • Date
    • 2022-09-23T02:00:00Z
  • Notes
    • La consommation du poisson de mer dans le Nord de l’Europe augmente sensiblement à partir du milieu du xe siècle. Elle serait liée aux prescriptions religieuses de consommation qui apparaissent au premier Moyen-Âge et implique l’établissement d’un réseau commercial reliant les ports de pêche à des marchés à l’intérieur des terres. Dans son Traité de la Police, Nicolas Delamare précise que c’est seulement par « une extrème diligence » que la chair de poisson peut parvenir en bon état, « tout au plus, jusqu'à vingt-cinq ou trente lieues des côtes de la mer » soit entre 97 et 117 km. Dès le xiiie siècle, la ville de Paris encadre la vente du poisson frais. De mars à octobre, il doit être vendu le jour de son arrivée dans la capitale. D’octobre à Mars, il doit être vendu dans les deux jours. À la vitesse de transport des marchands au Moyen-Âge (35 à 45 km/jour), cela place, en théorie, Paris en dehors de la zone de chalandise de cette denrée. Pourtant, au xive siècle, des marchands provenant de Dieppe, Le Tréport, Honfleur et même de Calais et Dunkerque, soit des ports situés de 172 à 293 km, fournissent le marché parisien. Sans agir directement sur les infrastructures routières ou l’organisation matérielle du transport, le roi et le prévôt de Paris vont inciter les transporteurs picards et normands à faire de la capitale une de leur principale destination, en produisant une réglementation très avantageuse pour leur commerce. Sur des charrettes ou à pied, en chassant le cheval ou l’âne devant eux, les chasse-marée (nom donné aux transporteurs spécialisés dans l’acheminement du poisson et des coquillages frais) parcourent l’espace qui les sépare de la capitale dans un délai en moyenne de 34 heures. Au mieux, le poisson pouvait être consommé un jour et demi après son débarquement au port. Paris gagne ainsi jusqu’à 4 jours sur la vitesse des transporteurs au Moyen-Âge. Cet article montre comment, grâce à la vitesse, l’approvisionnement d’une denrée particulièrement périssable est rendu possible et peut avoir un impact sur l’organisation des transports et des marchés. Il présente une cartographie inédite établie à partir de la spatialisation des données historiques et de la modélisation des circulations des chasse-marée entre la Manche et Paris.
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    • Français
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