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The Role of Shift-Induced Interference in the Development of a Typologically Rare Phonological Contrast in Somali Bantu Kizigua

dans Laboratoire Parole et Langage

Auteur(s) : Tse, Holman

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  • Date
    • 2016-01-21T01:00:00Z
  • Notes
    • Dans cet article, il est discuté du développement d’un contraste phonologique rare dans un dialecte d’une langue peu documentée qui s’appelle le bantou somalien (kizigua) (« SBK » aussi nommée « mushungulu » ou « mushunguli », classifiée comme bantoue G.311 selon le système de Guthrie, 1967 révisé par Maho, 2009). Le contraste en question est un contraste entre deux lieux coronaux d’articulation pour la suite NC (nasale + consonne homorganique), un trait génétique trouvé dans les langues bantoues. Plus précisément, il s’agit d’un contraste entre une suite NC alvéolaire/dentale et une suite NC rétroflexe. Le kizigua est une langue d’origine tanzanienne mais pendant le XIXe siècle, il y a eu une migration en Somalie où une communauté a continué à exister jusqu’au début de la guerre civile somalienne (dans les années 1990). Cette histoire joue un rôle important dans l’analyse. L’hypothèse de cet article est que l’interférence induite par conversion linguistique comme un mécanisme de changement induit par le contact (Thomason & Kaufman, 1988) a joué un rôle principal dans le développement de ce contraste. Après avoir présenté le problème dans l’introduction (Section 1), il est discuté de la typologie des sons rétroflexes et de leur développement (Section 2). Sont présentées ensuite les données à expliquer (Section 3). Pour soutenir l’idée du rôle de contact (et plus précisément du rôle de la conversion linguistique), est examinée l’histoire des locuteurs de SBK (Section 4). Ces détails historiques jouent un rôle essentiel dans l’analyse (Section 5). Cet article se conclut dans la Section 6. Selon Thomason & Kaufman (1988), il y a deux mécanismes de changement induit par le contact : l’emprunt (borrowing en anglais) et l’interférence induite par conversion linguistique (shift-induced interference en anglais). Une différence est l’agent du changement. Dans les cas de l’emprunt, ce sont ceux qui parlent la langue cible comme langue maternelle qui initient le changement. Dans les cas de conversion linguistique, ce sont ceux qui apprennent la langue cible qui initient le changement en introduisant des interférences structurelles de leur langue maternelle. Parmi ces deux mécanismes, la conversion linguistique est beaucoup moins décrite et beaucoup moins étudiée. Le problème vient de la nature de la conversion linguistique. Si la conversion devient complète, la langue originale de la communauté disparaît. Les données importantes de la structure de la langue originale disparaissent aussi. Sauf s’il existe une documentation de la langue ou sauf si la langue est parlée ailleurs, une explication de l’interférence induite par conversion linguistique est souvent difficile à soutenir.Il existe quand même quelques exemples comme dans les dialectes de swahili du nord en Somalie (Nurse, 1985 ; Nurse, 1991 ; Nurse & Hinnebusch, 1993) et Indique (Thomason & Kaufman, 1988). Dans ces deux cas, il s’agissait du développement d’un contraste de deux lieux coronaux de l’articulation comme dans cet article. Cependant, l’histoire de l’interaction sociale n’est pas suffisamment connue dans ces deux cas. Le cas de SBK est différent parce qu’il existe des études réalisées par les historiens, les anthropologues, et autres chercheurs qui ont travaillé dans les communautés de locuteurs de SBK en Somalie et aux États-Unis. De plus, ce cas satisfait les trois critères décrits par Thomason & Kaufman (1988) pour soutenir une explication de conversion linguistique. Selon ces critères, il faut avoir des données sur : (1) quelle était la langue substrat (chimwiini), (2) la structure du substrat (Nurse & Hinnebusch, 1993), et (3) la langue cible avant la conversion linguistique (Kisbey 1897, 1906).Sauf cas contraire signalé, toutes les données de SBK dans cet article viennent du travail de terrain de l’auteur dans une communauté réfugiée bantoue somalienne aux États-Unis. Quatre locuteurs (trois hommes et une femme, tous entre 21 et 30 ans) sont enregistrés alors qu’ils prononcent une liste de mots. Ce qui est important pour cette étude c’est le fait que tous les locuteurs prononcent le même contraste entre une NC alvéolaire/dentale et NC rétroflexe. Il y a une distinction claire entre les NC dentale/alvéolaire et les NC rétroflexe. On trouve la NC rétroflexe uniquement dans les mots hérités du kizigua de Tanzanie. En revanche, la NC dentale/alvéolaire existe uniquement dans les mots empruntés. Selon le dictionnaire de Kisbey (1906), il n’y a qu’une NC alvéolaire en kizigua de Tanzanie. Cette NC correspond à la NC rétroflexe en kizigua de Somalie. Quelques exemples sont cités en Table 1 dans l’article. Le gabarit qui apparaît est un gabarit qui ressemble à un changement néogrammairien.On peut expliquer ces données si on connaît l’histoire de la région. En examinant les détails historiques, on peut voir les faits sociaux qui soutiennent un cas de conversion linguistique. Pendant le XIXe siècle, il y a eu une traite qui a emmené une communauté de locuteurs de kizigua de Tanzanie en Somalie où ils ont travaillé en esclavage. Après avoir fui l’esclavage, ils ont établi une communauté d’esclaves marrons dans les forêts du sud de Somalie qui s’appelait Gosha. Des marrons d’origines diverses se sont installés dans la communauté Gosha. Là, il y a eu contact et mariage entre groupes différents. Certains groupes parlaient le chimwiini (aussi une langue bantoue) qui était aussi une lingua franca parlée dans la ville portuaire de Brava, un port d’entrée pour beaucoup d’esclaves. Il a été montré que c’étaient probablement ceux qui parlaient chimwiini comme langue maternelle et kizigua comme deuxième langue qui ont introduit la NC rétroflexe (un son qui existe en chimwniini) en kizigua. Pour ceux qui parlaient chimwiini, la NC alvéolaire en kizigua a été remplacée par la NC rétroflexe que l’on trouve en chimwiini. Cette prononciation a alors été adoptée par les générations suivantes. C’est donc un cas d’interférence structurelle induite par la conversion linguistique d’abord et cela a ouvert la possibilité de l’émergence d’un contraste entre les NC dentale/alvéolaire et rétroflexe pour les emprunts plus récents.Pour conclure, le cas de SBK montre un exemple avec des données suffisantes pour y voir un cas de changement induit par la conversion linguistique. Le résultat de la rétroflexion de la NC alvéolaire donne un résultat qui ressemble à un changement néogrammairien. Mais, si on connaît les détails historiques, on peut bien voir qu’il y a eu contact entre les locuteurs de kizigua et les locuteurs de chimwiini, une langue avec une NC rétroflexe. L’histoire sociale de mariage et contact entre ces groupes présentent les détails nécessaires pour soutenir l’hypothèse de changement induit par la conversion linguistique.
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    • Anglais
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    • https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
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