Boire et soliloquer dans un train sans destination : Moskva-Petuški [Moscou-sur-vodka] de Venedikt Erofeev (1969) ou les politiques discursives d’un Messie-ivrogne
L’ivresse est constante dans Moskva-Petuški [Moscou-sur-vodka] de Venedikt Erofeev (1969). Elle s’articule à l’errance pour décrire un monde fondamentalement instable. Comment ces deux idées permettent-elles l’élaboration (ou le balbutiement) d’une contestation politique ? Comment les données apocalyptiques de l’œuvre invitent-elles à un carnaval généralisé que l’ivrognerie des personnages amplifie ? Quelle est la teneur du délire du protagoniste et en quoi celui-ci permet-il la constitution de corps politiques, à même de mettre en question le pouvoir soviétique ? Sous quelles modalités l’alcool errant invite-t-il à repenser les limites du discours autorisé ? Par la soûlerie, le voyage sans but et la succession inlassable des gares et du temps qui passe, l’œuvre appelle à un voyage vers la mort que le messianisme d’ivrogne ne pourra transfigurer.