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High Fidelity: Adapting Fantasy to the Small Screen

dans GRIC - Groupe de recherche Identités et Cultures


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  • Date
    • 2015-11-16T01:00:00Z
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    • Dans un article paru dans The Atlantic, Alyssa Rosenberg compare la série Game of Thrones (HBO) à True Blood dans une tentative d’identifier les manières dont la première réussit tandis que l’autre échoue. Enfin, l’auteure détermine qu’il s’agit d’une question de fidélité : la série d’Alan Ball rajoute des personnages et des thématiques, sans pour autant leur construire un univers convaincant à peupler, alors que Game of Thrones demeure fidèle au roman de George R.R. Martin dont il tire son titre, tout en rationalisant le récit et en enrichissant la représentation des personnages, plutôt qu’en en augmentant la liste. Bien entendu, le fait que la fidélité soit l’enjeu principal de ce raisonnement paraît bien ironique, et pour plusieurs raisons : il est non seulement en contradiction avec tout ce que la théorie de l’adaptation maintient depuis des décennies, mais aussi, sur le plan historique, avec le fait que les réalisateurs ont à l’origine privilégié des textes-source provenant d’une littérature moins « haute » dans le dessein d’éviter la nécessité d’être fidèle à un texte consacré par le canon, ainsi engendrant certains des films noirs les plus réussis, à défaut d’être fidèles. En outre, Ball a lui-même avancé des arguments contre la fidélité, en insistant qu’il lui revenait de raconter l’histoire de tous les personnages, étant donné que le roman est écrit à la première personne, et qu’il voulait que les lecteurs des romans originaux de Charlaine Harris soient surpris. Ainsi, je voudrais étudier la façon dont chacun des réalisateurs aborde cette problématique spécifique des échos du texte-source dans le produit fini. En fin de compte, je souhaite soutenir que True Blood cherche à augmenter cet écho, en créant une distance constante non seulement avec son texte-source mais aussi avec ses personnages et les événements que la série raconte. Enfin, True Blood dépeint un monde très similaire au nôtre, qui se trouve, par la même occasion, peuplé d’êtres fantastiques — en produisant de divers effets de dépaysement (dont des épisodes inventés, mais aussi des effets comiques ou scandaleux mis en place afin de créer une distance entre le spectateur et les émotions des personnages), les concepteurs de la série nous forcent à nous prendre du recul par rapport au récit et à réfléchir à ses implications. En revanche, Game of Thrones veut attirer le lecteur, en réduisant cet écho au maximum : lors de la création d’un univers plus typique du genre fantastique, avec des religions, des langues, et des hiérarchies politiques qui sont familières aux personnages mais inconnues des spectateurs, un effet de dépaysement serait désastreux à la suspension d’incrédulité nécessaire pour entrer dans ces mondes nouveaux. Je soutiendrai aussi que le « texte-source » n’est pas unique dans les deux cas — les deux séries adaptent non seulement un roman ou une série de romans, mais une tradition. Il est impossible d’isoler True Blood de la longue tradition des textes sur les vampires, qui relie le vampirisme à la sexualité, et du phénomène récent des romances de vampires pour adolescents, où les aspects « chaotiques » du sexe (et ses conséquences morales et politiques inévitables) se manifestent par la mort et le sang qui caractérisent la série. De même, Game of Thrones rappelle clairement un texte fondateur du genre fantastique, Le Seigneur des anneaux (ainsi que son adaptation cinématographique), et remplace la nostalgie éprouvée pour l’univers de Tolkien par un réalisme « cru », où le viol, le meurtre, la corruption et l’injustice générale font de la série un écho de notre propre société imparfaite. Alors, nous pouvons soutenir que si les deux séries abordent la notion de la fidélité de deux manières très différentes, leurs buts paraissent similaires : elles cherchent à rendre les spectateurs plus conscients des implications politiques de ces mondes fantastiques, afin de reconnaître les échos de celles-ci dans le monde en-dehors de l’écran.
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