Cet article évoque l’histoire de l’émigration des « Israélites africains hébreux de Jérusalem », un groupe d’Africains-Américains qui ont quitté les États-Unis pour l’Afrique de l’Ouest (puis pour l’Afrique du Nord-Est) à la fin des années 1960. Leur voyage reposait sur une forme de sensibilité afrocentriste, sur un mélange de réponses à l’appel de Marcus Garvey pour une politique centrée sur l’Afrique, et de revendications d’une altérité africaine ontologique. En somme, les mêmes revendications intellectuelles qui commençaient tout juste à être codifiées dans le monde universitaire américain par des académiques comme Molefi Kete Asante. Je soutiens que ces « Israélites africains hébreux » donnent à voir une forme complexe d’Afrocentrisme, une version hébraïcisée qui se conforme à certaines formes canoniques d’Afrocentrisme tout en échappant à d’autres. En outre, leurs conceptions du corps aident à expliquer le manque d’intérêt qu’ils ont suscité dans les discussions plus générales de l’Afrocentrisme et de ses relations historiques et institutionnelles avec d’autres formes de contre-discours afro-centrés.