Trois fois au moins cette terre a joué un rôle non négligeable dans l'histoire du monde. C'est tout d'abord Christophe Colomb qui, lors de son troisième voyage en 1498, aborde pour la première fois le continent sur les terres vénézuéliennes et s'imagine être à proximité du paradis terrestre. Dès cet instant le mythe de l'Eldorado surgit.

Ensuite les libertadors, avec Simon Bolivar, vont animer, durant plus de quinze ans, au début du XIX^e siècle, la grande épopée de la libération de l'Amérique espagnole.

Enfin troisième rendez-vous, le pétrole, grâce auquel le Venezuela, premier exportateur du monde dans les années 1930, crée et anime l'OPEP, en défendant l'idée que les pays exportateurs doivent s'unir pour mener une politique commune. Le pays assure l'essentiel de ses ressources par l'exportation de ce produit.

Dans une géographie à l'échelle du continent américain, mais en réduction, avec une histoire tourmentée où siècles de cendre et années de braise font surgir sur les pas de l'Eldorado les grandes gestes historiques et les pires dictatures, le Venezuela est aujourd'hui à la croisée des chemins. Comment «semer le pétrole» ?

Dans ce pays où 80 % des gens vivent en ville, culture spécifique et mimétismes vis-à-vis du grand voisin du Nord font du Venezuela un pays à la recherche de son identité, mais difficile en est le chemin d'accès. Les liens Venezuela/Etats-Unis n'ont-ils pas en effet parfois été comparés à un mariage de raison ou encore à un concubinage forcé ?

Michel Pouyllau est géographe et chercheur au CNRS ; Après avoir passé dix ans au Venezuela, il travaille aujourd'hui sur les problèmes de développement rural et d'aménagement en Amérique latine.