S'agissant de cette période «sombre» de l'Occupation, il peut paraître incongru, voire superflu, que le chercheur lève les yeux vers les sommets enneigés. Il s'y déploie pourtant, contre toute attente, une activité étonnante : les sites les mieux placés se transforment en chantier, les pentes enneigées et les sommets dénudés deviennent le terrain de jeu de skieurs et d'alpinistes, des téléphériques et des refuges sont construits, des champions de ski se disputent âprement la victoire, on organise des camps de jeunes et, surtout, la montagne française devient l'objet d'un discours ouvertement et immodérément encenseur de la part de l'Etat français. La fortune des sports de montagne n'est-elle pas le fruit d'une rencontre entre deux univers, la montagne et la Révolution nationale ?

Basée sur l'étude d'archives, de nombreux documents de l'époque et sur le témoignage d'un des principaux acteurs de la période, cette étude d'histoire culturelle aborde une face souvent inexplorée de Vichy. L'analyse de la politique de la montagne, loin de demeurer périphérique ou marginale, permet au contraire de toucher au cœur même de l'idéologie du régime.