Alors que le trucage est omniprésent dans les productions télévisuelles (clips, émissions, séries, journaux télévisés...) et que la moindre publicité comporte un nombre conséquent de retouches, la recherche s'est pourtant peu penchée sur cette question et ce qu'elle contient en germe comme réflexion sur la nature de l'image, le vrai, le faux, et le pacte passé avec le téléspectateur.

Pourtant, le travail pionnier de Jean-Christophe Averty ou les spécificités de l'incrustation, à la base de l'art vidéo, sont d'ores et déjà largement documentés. Mais le tout-venant de la production télévisuelle, à commencer par le bulletin météo ou l'habillage des chaînes, reste encore à défricher. C'est d'autant plus urgent que les technologies numériques démocratisées au début du 21^e siècle brouillent les frontières avec le cinéma, et autorisent d'autres trucages, d'autres émissions : des chanteurs décédés se retrouvent sur scène avec des chanteurs contemporains, le visage de dictateurs du passé est porté par des acteurs bien vivants, les statistiques apparaissent en 3D sur les plateaux virtuels des JT, faisant partie du même espace que celui du présentateur.

Ce vingt-cinquième numéro de la revue CIRCAV se propose d'établir un état des lieux des liens entre trucage et télévision, en particulier à la télévision française, via des approches historique, juridique, théorique, technique, esthétique et des études de cas pratiques. Et si Christian Metz affirmait en 1971 que réfléchir sur le trucage filmique, c'est en fait réfléchir sur le cinéma en son ensemble, quelle mise en abîme de la télévision apporte cette prise en compte du trucage télévisuel ?