Simple période de transition pour les uns, dernière grande saison inventive pour les autres, les années 20 ont-elles su créer un style littéraire spécifique, comparable à l'«Art Déco» ou au «Style 1925» des architectes et des décorateurs ? En lisant Luc Durtain, Jean Cocteau, Maurice Dekobra ou Blaise Cendrars, on discerne une tonalité commune, qui les apparente avant toute autre caractérisation. Si l'on étend la comparaison aux écrivains allemands de l'époque weimarienne, de nouveaux apparentements se font jour : l'écriture nerveuse et imagée de Kasimir Edschmid rivalise avec celle de Paul Morand, les reportages d'Egon Kisch s'imposent avec le même succès que ceux d'Albert Londres. Thomas Mann et André Gide tentent de répondre aux mêmes interrogations. Cet ouvrage décrit les efforts des écrivains européens pour relever le défi des technologies culturelles, dont l'introduction massive dans les années 20 annonce la culture de masse. Le style des récits de Paul Morand illustre cette nouvelle esthétique de la vitesse, adaptée à la vision instantanée et discontinue du réel, que la photographie et le cinéma ont mis au goût du jour.

La notion de style d'époque, déjà acclimatée en histoire de l'art, ne peut-elle pas servir aussi à décrire l'évolution littéraire et contribuer au renouvellement en cours de l'histoire littéraire ?