L'Espagne des XVI^e et XVII^e siècles voit se mettre en place un pouvoir royal fort et centralisateur que vient encore renforcer, après les années 1560, l'idéologie de la Contre-Réforme. En fonction de ce contexte, on s'est interrogé sur la représentation du pouvoir que donnait alors la littérature (ce terme étant pris dans un sens large). L'examen des textes d'orientation didactique a permis de souligner le jeu subtil de l'écriture entre la légitimation et la mise en cause du pouvoir, cette dernière perspective se transformant parfois en satire ouverte.

La mise en texte a été abordée à travers le «roman» et le théâtre, genres spécifiques qui ont donné lieu à de significatives transgressions, retournements et remises en questions, dessinant ainsi une image idéale (voire utopique) du monarque et de la république. L'écriture romanesque et dramaturgique a souvent subverti la représentation traditionnelle du pouvoir et examiné de façon critique les relations que suppose celui-ci dans le contexte familial, malgré l'emprise de l'idéologie post-tridentine.

Plusieurs contributions ont étudié les formes du mécénat et l'action des favoris. Ces derniers ont su jouer de l'image littéraire en leur faveur en promouvant des textes destinés à gagner une opinion publique en voie de formation. Parallèlement, les pouvoirs ont soumis l'écrit à un contrôle rigoureux (en particulier par l'entremise de la censure inquisitoriale).

La littérature a joué un rôle primordial dans la diffusion d'une certaine vision du pouvoir. Elle a permis une prise de conscience et une salutaire réflexion sur les conceptions et les enjeux de ce pouvoir, sur ses manifestations et ses erreurs, se traduisant parfois par la représentation d'un véritable contre-pouvoir. Tels sont les aspects complémentaires que les travaux ici présentés se sont attachés à mieux cerner et à mettre en évidence.