Depuis les années 1960, la nature éphémère de nombreuses pratiques artistiques, la remise en question de l'oeuvre d'art comme objet matériel, l'usage de technologies qui deviennent rapidement obsolètes, amènent les artistes et les institutions à documenter les oeuvres afin d'en garder des traces et d'en assurer une transmission. Ce livre s'attache à la mutation du statut et des usages de la documentation, et tente d'en mesurer les incidences sur la notion d'oeuvre d'art, sur l'écriture des histoires de l'art et sur les pratiques institutionnelles.

Les artistes opèrent souvent un brouillage des catégories artistique et documentaire, nous obligeant à repenser l'opposition traditionnelle entre l'oeuvre et sa documentation. Ils explorent des modes inusités de diffusion de leurs corpus documentaires et contribuent à l'émergence de nouvelles formes de médiation des oeuvres. À travers leur documentation, ils construisent l'interprétation et l'histoire de leur oeuvre, empiétant sur le territoire des historiens d'art. Les institutions compilent des dossiers documentaires qui tiennent lieu de scripts pour réactualiser les oeuvres, générant de nouvelles interrogations dans les pratiques et les études muséales.

Les auteurs abordent ces questions à travers l'analyse d'oeuvres et d'institutions singulières : le livre d'artiste, Allan Kaprow, Robert Smithson, N.E. Thing Co., Thomas Corriveau, l'art Internet, le Gutai, Fluxus, Andy Warhol, Steina Vasulka, ainsi que le musée des Beaux-Arts du Canada, la Fondation Daniel Langlois pour l'art, la science et la technologie, V2_Institute for the Unstable Media, le Guggenheim Museum, le musée national d'Art moderne - Centre Pompidou.