Au tournant du millénaire, un regard sur le vingtième siècle africain ne peut manquer de rencontrer, parmi les figures qui auront manifesté leur présence au monde et au siècle, au niveau tant de l'événement que du débat, l'éminente stature du Sénégalais Léopold Sédar Senghor.

L'exceptionnelle longévité de l'homme lui a valu de ses contemporains des hommages auxquels l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville veut se joindre, à travers ces textes d'universitaires français et africains, en revisitant, dans une perspective pluridisciplinaire, les lieux essentiels de l'itinéraire de cet enfant du siècle. Ce parcours est d'autant plus exaltant qu'il dévoile, quel que soit le point où on l'entame, une personnalité à la fois une, indivise et diverse ; chez Senghor la poésie est tableau de la pensée, la pensée est ciselée dans la poésie, la culture politique prend assise sur la primauté de la politique de la culture.

En explorant l'univers de Senghor, à travers la réception de son œuvre poétique et critique, la négritude, au double plan de sa vocation historique de sursaut identitaire et de sa postérité controversée et divers aspects de la dimension politique de la pensée et de l'action du président-poète, chaque auteur a entrepris ce pèlerinage en suivant l'itinéraire de son tempérament et de son style et avec une sérénité éloignée des passions des années soixante-dix qui sonne comme un acte de gratitude à ce pionnier d'une carrure d'exception. C'est tout le sens qu'il convient de donner à cet hommage au chantre de la négritude, au théoricien du métissage culturel et de la civilisation de l'universel et à l'homme d'Etat sénégalais.