Capital immatériel, connaissance et performance

L'immatériel appelle à une transformation profonde des modes de pensée et d'action des managers et des décideurs publics. L'immatériel est une ressource généralement invisible, mais pourtant omniprésente dans les systèmes socio-économiques. On pense naturellement d'emblée aux droits de propriété intellectuelle (brevets, dessins et modèles, marques, logiciels, entre autres), mais l'immatériel intègre également d'autres facteurs souvent sous-estimés : les processus organisationnels, les infrastructures technologiques, les systèmes d'information, la réputation, les actifs relationnels, et naturellement la connaissance tacite présente dans le cerveau de chacun des collaborateurs d'une entreprise ou de toute organisation. C'est dire l'étendue du champ, et la difficulté de tout exercice de modélisation et de valorisation ; ceci d'autant plus que ces facteurs se caractérisent par une grande volatilité : contrairement aux biens matériels, les ressources immatérielles ne créent de valeur que combinées à d'autres. Notre vision du modèle de création de valeur dans les entreprises doit donc être fondamentalement remaniée, dans un contexte où les interstices (en raison de l'importance des réseaux) deviennent les véritables lieux de création de valeur.

En outre, la question de l'immatériel doit être pensée dans une perspective systémique : elle concerne non seulement les entreprises (et pas seulement celles cotées en bourse), mais également les patrimoines et processus publics : celui des Etats, mais également des régions, des villes et de toute organisation à vocation non marchande, et des universités.

On le voit, l'immatériel est un champ vaste pour les expériences et propositions innovantes.

Cet ouvrage, qui réunit des chercheurs et des experts de différents horizons, en expose quelques-unes, en espérant contribuer au débat qui s'impose, sur cette question d'une indubitable actualité.