Séductions du bourreau : négation des victimes

Auteur(s) :

Lacoste, Charlotte (1980-....) Découvrir l'auteur

Résumé

En se basant sur l'analyse d'une quinzaine d'ouvrages récents, l'auteure enquête sur les formes que revêt la revalorisation de la figure du meurtrier de masse, et analyse les présupposés idéologiques des oeuvres qui le mettent en scène.

Éditeur(s)
- Presses universitaires de France
Date
- impr. 2010
Notes
- Bibliogr. p. 459-473
- Bibliogr.
Langues
- Français
Description matérielle
- 1 vol. (479 p.) ; 20 cm
Collections
- Intervention philosophique
Sujet(s)
Epoque
- 20e siècle
ISBN
- 978-2-13-058430-8
Indice
- 81.042 Types et personnages
Quatrième de couverture
- Comment devient-on un bourreau ? Comment expliquer que dans les périodes sombres de l'histoire, des hommes ordinaires se transforment en assassins - criminels de bureau ou tortionnaires de terrain ? Cette question, qui revient comme un leitmotiv dans la production littéraire et artistique contemporaine, y reçoit souvent la même réponse, en forme de syllogisme :
  
  Tous les bourreaux sont des hommes ordinaires
  
  Or les hommes ordinaires, c'est nous tous
  
  Donc nous sommes tous des bourreaux
  
  On ne compte plus les auteurs qui, détournant la thèse de Hannah Arendt sur la banalité du mal ou celle de Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité, exploitent le motif du jaillissement du monstre (que tout un chacun nourrirait en lui-même), dédouanant d'autant les vrais coupables (qui ont simplement eu la malchance de pouvoir donner libre cours à leur nature destructrice...).
  C'est contre ce traitement dépolitisant de la question du crime de masse que s'élève l'auteur de cet essai, en montrant comment, au gré d'une inversion radicale des valeurs, le bourreau se trouve aujourd'hui érigé en modèle d'humanité.
Tables des matières
- - Séductions du bourreau
  - Négation des victimes
  - Charlotte Lacoste
  - Presses Universitaires de France
  - Introduction1
  - Première partie
    Une bataille littéraire du XX^e siècle
    La vérité de l'expérience du mal contre l'horreur vendeuse
  - Chapitre 1. Un siècle de témoignages11
  - 1. L'avènement d'un genre12
  - L'énigme12
  - Le serment14
  - Nouveaux mensonges sur la guerre16
  - L'enquête19
  - Intoxication littéraire23
  - Témoins en résistance25
  - Le témoignage à l'ère du roman de guerre28
  - Première bataille critique31
  - 2. Nouvelles infortunes du genre33
  - Nouveau déni33
  - Immobilisme esthétique36
  - Deuxième bataille critique38
  - 3. L'ère du « témoin » ?46
  - Le projet testimonial47
  - Brouillages55
  - Quand le bourreau usurpe la posture du témoin65
  - Chapitre 2. Fiction, falsification et extermination77
  - 1. La liberté de l'artiste79
  - Libre - et responsable ?79
  - Libre - de réécrire l'histoire ?86
  - Libre - enfin presque98
  - 2. Mécanique de l'exagération103
  - La « scène d'horreur », cet artefact104
  - Phénomènes de déréalisation107
  - Génocides et « effet de fiction »112
  - L'hyperbole révisionniste117
  - Négationnisme et hémoglobine120
  - 3. Les ravages du style « comme si vous y étiez »121
  - L'abolition de toute distance122
  - Quand le romancier usurpe le témoignage de la victime pour entrer dans les vues du bourreau126
  - Deuxième partie
    Victoire des impostures fictionnelles et triomphe du bourreau
  - Chapitre 3. Recette d'un succès143
  - 1. L'attrait du point de vue nazi149
  - Un roman historique sur l'extermination149
  - Reconstitution du point de vue du bourreau153
  - La bénédiction des historiens157
  - 2. L'extermination comme Matière fabuleuse160
  - Les matériaux de base160
  - Le travail de compilation162
  - L'enjolivement164
  - 3. De ce qu'avec de mauvais sentiments, on ne fait pas forcément de la bonne littérature172
  - Défaillance de la critique et triomphe de l'abjection172
  - Au-delà de toute critique179
  - Chapitre 4. Le procès en réhabilitation du bourreau nazi183
  - 1. Le plaidoyer pro domo d'un bourreau exemplaire184
  - La scène d'un procès185
  - La fausse piste eschyléenne 185
  - Un traquenard narratif 189
  - Le plaidoyer de Maximilien Aue192
  - L'art de banaliser 192
  - L'art d'aveugler 195
  - L'art de se victimiser 197
  - L'art d'innocenter les coupables en incriminant les victimes 202
  - La vérité sur Max Aue et sur ce qu'il nous inflige206
  - Un nazi exemplaire 206
  - Le lecteur à l'épreuve d'une redoutable exercitatio animi211
  - 2. Jonathan Littell, avocat de Maximilien Aue215
  - Max Aue, modèle d'humanité217
  - Max Aue, modèle identificatoire222
  - La culture : attention danger 228
  - L'intelligence : ancilla exterminationis234
  - Moralité 239
  - Troisième partie
    Portrait-robot d'un héros de notre ère : le bourreau gentilhomme
  - Chapitre 5. Un homme ordinaire249
  - 1. Le monstre en nous250
  - Les bourreaux romanesques : des parangons de normalité250
  - Le syndrome du loup-garou255
  - L'irruption du monstre 255
  - Le goût du sang 265
  - L'enfant-soldat, figure totémique de l'humaine tribu266
  - La caution scientifique268
  - Émergence de la figure du « bourreau banal » et banalisation du mal270
  - 2. Objections277
  - Le miroir aux alouettes277
  - Rectification sur la « banalité du mal » : Eichmann pas si « ordinaire »280
  - Complaisance286
  - Jonathan Littell et la « sale race »291
  - Dépolitisation295
  - Dilution des responsabilités302
  - Retour sur l'« expérience de Milgram » et repolitisation du problème306
  - Chapitre 6. Une victime intégrale319
  - 1. La complainte du bourreau319
  - Larmes de crocodile319
  - Splendeurs et misères des parachutistes français en Algérie322
  - 2. Les bourreaux romanesques : victimes de leurs victimes331
  - Un pater dolorosus332
  - Le génocidaire malgré lui336
  - Le bourreau victime de lui-même (exit les victimes)337
  - Retour de la victime... sous les traits du bourreau339
  - Usurpation de la zone grise341
  - 3. Heurts et malheurs du génocidaire rwandais344
  - Indistinction de la victime et du bourreau345
  - Inversion des rôles de la victime et du bourreau346
  - Le tueur auréolé350
  - Chapitre 7. Un esprit supérieurement cultivé355
  - 1. Variations libres sur la figure du bourreau raffiné356
  - Werner von Ebrennac, « chevalier très beau et très pur, délicat et cultivé »356
  - Franz Schubert et le monstre en nous359
  - Yehudi Menuhin et les Interahamwe362
  - 2. Objections368
  - Les bourreaux prétendent, et leurs adjuvants surenchérissent368
  - Pour en finir avec la figure du bourreau bien élevé, et sa prétendue culture373
  - Chapitre 8. La raison pure379
  - 1. Le mythe du nazi pensant380
  - Consensus sur les qualités intellectuelles du bourreau380
  - Aveuglantes dissociations383
  - Quand le bourreau fait école387
  - 2. Eichmann est-il « coupable de crime contre l'humanité ou non ? » : le procès en appel d'Un spécialiste391
  - Recompositions et manipulation391
  - Les « grandes qualités » d'Eichmann397
  - De ce qu'Eichmann, qui détestait les Juifs, détestait aussi les petits fonctionnaires zélés402
  - Eichmann victime404
  - 3. Critique de la raison (juive)408
  - L'extermination comme produit de la Raison409
  - L'extermination comme produit de la culture juive411
  - Chapitre 9. La conscience morale incarnée415
  - 1. Le procès en canonisation du nazi moraliste416
  - Eichmann kantien (et Kant hitlérien)416
  - De la rigueur morale des nazis420
  - La mort des idées (mortes avec Eichmann)425
  - 2. Par-delà le bien et le mal428
  - Quand tout s'équivaut429
  - Morale de la force432
  - L'extrême droite décomplexée436
  - Universalisme de l'abjection438
  - Les fictions de la posthumanité440
  - Épilogue. Le Sec et l'humide : anatomie du surhomme445
  - Conclusion455
  - Bibliographie459
Origine de la notice:
- FR-751131015