Les revendications identitaires envahissent l'actualité. Elles sont linguistiques, culturelles, religieuses, nationales; elles explosent en dérives sanglantes, de Tchétchénie au Pays basque, du Ruanda au Proche-Orient. En France même, elles nourrissent l'obsédant « problème corse » et le débat actuel sur la décentralisation.
Dans le fouillis d'informations qui nous submerge, il est parfois difficile d'appréhender ce « paradoxe meurtrier » de notre siècle : une mondialisation qui amenuise les différences entre les peuples et l'éclosion partout de particularismes, de racismes, de repliements.
L'auteur traite le sujet en historien, en biographe, en politique. Il raconte l'histoire occultée de ces militants de l'identité bretonne, alsacienne ou corse de la première moitié du XX^ème siècle, qui lièrent leur sort au fascisme italien ou au nazisme et furent condamnés au silence avec la défaite de l'empire hitlérien. Il montre le retour en force des mouvements identitaires depuis vingt ans, à partir surtout de ce qui fait notre actualité quotidienne : la Corse et ses minorités clandestines, l'univers islamique et ses enfants perdus qui tuent au nom d'Allah d'Alger à Bali. Il éclaire enfin, grâce à l'itinéraire complexe de dizaines de militants identitaires cette analyse essentielle à la compréhension du monde actuel.
La quête d'identité n'est jamais condamnée d'avance à dériver en xénophobie, racisme ou fascisme ; elle peut au contraire être un ferment de liberté, elle le fut et le reste avec les luttes anti-coloniales. Elle l'est avec tous les mouvements opposés au capitalisme mondialiste.
Mais quand elle est revendiquée comme un absolu, elle peut très vite se meur en idéologie de l'exclusion, nourrir n'importe quel terrorisme et donner lieu à toutes les manipulations.