Dans l'imaginaire collectif contemporain, le cahier fait partie intégrante de l'apprentissage scolaire. Support transitoire, il survit rarement à son usage ; conservé, il constitue une source privilégiée pour les historiens soucieux de confronter l'enseignement souhaité à la pratique, de passer des théories pédagogiques ou des textes prescriptifs à leur mise en oeuvre.

Pourtant, les usages du cahier au Moyen Âge et à la Renaissance n'ont que peu en commun avec ceux que nous lui prêtons aujourd'hui. Ce livre permet de mieux mesurer la rareté et la richesse de ces sources écrites, fondamentales pour l'histoire de l'enseignement, mais complexes à appréhender. Qui s'essaie à repérer dans les collections des bibliothèques des cahiers d'écoliers datant des XIV^e-XVI^e siècles, rarement identifiés en tant que tels, se rend compte que ce recensement est inséparable d'épineuses questions sur leur statut exact. Suscitant une réflexion constante sur les circonstances de leur élaboration concrète, ces « cahiers d'écoliers » sont aussi le théâtre de porosités multiples, que ce soit entre manuscrit et imprimé, entre instrument de brouillon et modèle livresque d'apparat, entre écoliers et étudiants, entre maîtres et élèves, ou encore entre méthodes pédagogiques.

Le cahier d'écolier doit donc être appréhendé comme un dispositif où se jouent des interactions complexes et dont ce volume invite à examiner les différentes facettes.